Las ideas de Federico León

(crédit photo: Béa Borgers)

Je vais écrire une critique un peu différente par rapport à celles que j’ai l’habitude de présenter dans cet espace. J’avoue que les idées de la manière de structurer une critique sur Las ideas ont du mal à émerger, et je suis parfaitement conscient de l’abus du jeu de mot que je viens de faire. Pour un spectacle qui au début se présente de façon un peu abstraite et un peu (trop) intellectuelle, je vais jouer moi-même au jeu présenté par le duo Federico León et Julián Tello : la scène montre un ping-pong continu de renvoi, un processus qui présente un processus, symbolisé par un détecteur de faux détecteurs de faux billets, un étui d’étui de guitare, etc. Le ping-pong était pour sa part lui aussi visible sur scène, vu que les deux acteurs jouaient assis sur deux fauteuils roulants entre lesquels se trouvait une table de ping-pong, laquelle pouvait être utilisée à certains moments comme écran de vidéo-projecteur

Avant d’entrer en matière je dois toutefois souligner que quand j’ai vu le spectacle, j’étais influencé par des limites externes au spectacle (faim, fatigue, agacement) : un état tout à fait normal dans lequel le spectateur peut se trouver, mais qui a de fait limité ma réception esthétique du spectacle.  Pourquoi cette parenthèse un peu trop subjective par rapport à ma propre vision au moment du spectacle ? Les réflexions proposées par les deux acteurs sur les grands concepts qu’on peut retrouver sur la scène, la difficulté à saisir la limite entre ce qui est réel et ce qui est faux, entre présence et représentation, entre improvisation et structure fixe, m’ont amené à penser à mes propres difficultés ressenties lors de spectacle. Si je n’avais pas éprouvé ces sensations, dues à des raisons externes, ma réception aurait été bien sûr différente (meilleure ?). Il s’agit précisément de la même réflexion que je retrouvais en scène. Donc je pourrais conclure que les réflexions dégagées par le spectacle ont été fructueuses car finalement elles m’ont fait réfléchir à la fragilité du spectacle vivant, qui doit s’imposer face aux états réceptifs précaires du spectateur. Malgré les limites extérieures ressenties, je crois pouvoir comme même définir quelques éléments positifs du spectacle : je vais donc essayer de souligner des éléments plus ‘objectifs’ par rapport à la vision.

Les vidéos présentées sur scène étaient par exemple particulièrement bien travaillées, elles dégageaient un humour et un imaginaire beaucoup plus stimulant du travail scénique réel des deux acteurs. Surtout le vidéo finale qui reprenait tous les éléments épars vus auparavant et leur offrait une autre résolution à elle seule peut tout à fait trouver un espace artistique et c’est peut-être le cas d’ailleurs. Nous avons donc ressenti comme une certaine déception par rapport à cet aspect : finalement toutes les questions dégagées sur scène trouvaient une réponse grâce à un langage extérieur à la scène, virtuel et travaillé a priori. Effectivement des deux performers se dégageait l’image d’un humain sympathique dû aussi à l’intimité du contact avec le public, mais la structure scénique offrait peu de place à l’improvisation d’un point de vue dramaturgique. Parmi les moments scéniques réussis, nous pouvons toutefois souligner un moment plutôt comique, où ils font semblant d’être ‘mangés’ par la table de ping-pong, et un moment esthétique et de tension artistique très réussi, dans le gonflage d’un ballon, accompagné par une musique au rythme et aux sonorités de plus en plus intense, jusqu’à la limite du supportable.

En conclusion un spectacle qui dégage une cérébralité parfois insistante ou fatigante (surtout sur la présence au début d’un vrai-faux joint), mais compensée pas un ton auto-ironique et de temps en temps, par l’émergence d’une vraie réflexion. Las ideas propose quelques idées originales (surtout par rapport aux animaux dans la première vidéo, vrai coup de cœur), lesquelles pourraient être restituées par un travail scénique plus accompli.  A revoir dans des conditions externes plus optimales.

Fabio Raffo, vu le 19 mai à hth, Montpellier

 

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