Gala de Jérôme Bel

(crédit photo: Véronique Ellena)

“Gala” : le terme rappelle, volontairement, les défilés de mode, les numéros de performance et de bravoure, comme au cirque, ou à l’impro. Dans le spectacle de Jérôme Bel c’est exactement de ce défi dont il s’agit : proposer un défilé et des performances, mais d’amateurs de théâtre. Il faut l’admettre, le défi apparait complètement réussi, au moins pour le public qui a soutenu l’effort passionné des performers, de tout âge, de tout genre, et de tout corps (y compris aussi un homme en fauteuil roulant).

Le dispositif scénique est très simple : nous avons au début toute une série de photos qui montrent des lieux de représentation, certaines fois des scènes de théâtres célèbres, autres fois des lieux plus anonymes. Dans ces photos nous avons toujours la vue du public, avec les fauteuils vides. Le message semble assez clair : au final ceux que nous voyons sur scène font partie de nous-même. Un peu avec le même principe que Cour d’honneur, où Bel mettait en scène le témoignage ardent des spectateurs de théâtre (du Festival d’Avignon), ici nous avons des corps en scène non professionnels, qui choisissent le théâtre et la danse ou l’art scénique en général comme hobby. Donc ces performers représentent le spectateur, qui pourrait avoir aussi cette même envie, mais cela ne veut pas dire sous-estimer leur engagement, car au contraire, le spectacle est réellement soutenu presque exclusivement par leur passion, et leur envie de se montrer.

Suite à cette intro, nous aurons les différents numéros, annoncés par une simple pancarte. Ces numéro vont se succéder avec un rythme en crescendo : un départ assez intime avec des tentatives de ballets et de valse par les différents performers, certains plus expérimentés et habiles que d’autres dans ces formes de danses classiques, d’autres moins, mais sans exprimer jamais d’inconfort par rapport à leurs limites.

Ensuite nous avons les moments des saluts, avant la fin, où nous “connaissons” de plus près la personnalité de chacun et où l’atmosphère se réchauffe dans le public, surtout parce qu’il y a probablement des connaissances des performers parmi les spectateurs. La danse à la Michael Jackson est un autre endroit qui dégage des réels moments de comique et qui libère le public par rapport à un embarras conditionné par le sentiment du politiquement correct (« il ne faut pas rire d’un handicapé, d’un corps gras, vieux », etc.) : on comprend tout simplement que les limites des corps peuvent présenter en même temps d’autres avantages dont on ne pouvait pas soupçonner l’existence. Après cela, le spectacle arrive à la fin le réel climax, qui se présente avec une formule simple mais ingénieuse, grâce à laquelle chaque performer présente un solo, imité le plus possible par le reste du groupe. Le public souvent accompagne les morceaux avec des applaudissements qui suivent les musiques rythmées. Le grand final se passe avec la célèbre chanson New York, New York, avec un autre clin d’œil au public, quand les performers remplacent dans la chanson le nom de la ville américaine, par celle de Montpellier.

En conclusion un spectacle à la construction simple, mais avec un grand cœur, dont le spectateur a ressenti et apprécié la chaleur de l’effort.

Fabio Raffo

Vu au Théâtre Jean-Claude Carrière (Domaine d’O), Montpellier, le 16/03/2016
Mise en scène: Jérôme Bel
Assistant: Maxime Kurvers
Coproduction: CDN Montpellier HTH

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