L’Idéal Club de 26000 couverts

(Crédit photo : Cie 26 000 couverts )

L’Idéal Club repart sur les routes…

Nous patientons devant le chapiteau de la compagnie 26 000 couverts, mes amis s’inquiètent de la durée du spectacle. L’Idéal Club dure 2h30 avec entracte. Inquiétude pressentie par le metteur en scène qui fait de la durée du spectacle un objet de dérision. Les premiers numéros sont interrompus par deux barons, complices dissimulés dans le public qui se plaignent de la longueur des numéros. « On s’en va. C’est trop long, (…) vous direz à Olivier qu’on est passé… » Moquer, parodier et surtout ne rien se refuser sont les maîtres mots de ce cabaret.

Après avoir semés le désordre et le chaos dans les gymnases de France et de Navarre avec le 1er championnat de France de n’importe quoi, les 26 000 –fervents adeptes de la création hors cadre tant géographique qu’esthétique(1)- mettent sans-dessus dessous le music-hall.

« C’est quoi pour vous l’idéal ? » Kamel se rêve avec des nageoires et des ouïes, Servane en chat, le conflit est inéluctable. «Bon, OK, alors ce serait quoi un cabaret idéal ? » demande le metteur en scène du fond de la salle. Les artistes imaginent des projets, irréalistes, fous, absurdes : « (…) Les spectateurs pourraient manger le décor. (…) Y’aurait Chopin au piano, Hendricks à la guitare, et je chanterais en robe rouge accompagnée par Gainsbourg (…) On serait sous l’eau.» À court d’idées, ils réclament une pause cigarette.

Entre deux numéros, on laisse entrevoir au spectateur les coulisses du spectacle : les répétitions, les temps de réflexion, de concertation, de discussions, de propositions et de pauses aussi(2). Le spectacle s’assemble sous nos yeux.

Aux sketches dans la lignée des Monty Python et des Deschiens se mêlent une myriade de non-performances absurdes : trapèze au sol sans trapèze, jonglage de sein, chorale de carton, concerto de scies sauteuses, domptage d’une tente Quechua « qui culmine dans un final de comédie musicale destiné à devenir un moment d’anthologie.(3)», le tout rythmé par une musique Jazz-Rock.

Faussement foutraque, L’Idéal Club s’appuie sur une partition réglée au millimètre et un solide collectif. Les artistes aux savoir-faire multiples descendent de leur piédestal pour se réjouir d’eux-mêmes et de leurs folies douces(4). Profitez des reprises à venir pour en faire autant !

Spectacle vu sous chapiteau le 23 juillet 2014 à Villeneuve-lès-Avignon dans le cadre du Festival Villeneuve en Scène.

Mathilde Marcel

(1) http://www.26000couverts.org
(2) « Les scènes de répétition qu’on retrouve dans l’Idéal Club sont toutes tirées de ce qu’il s’est passé. Et on s’est vraiment beaucoup amusé sur ce spectacle. C’était une manière pour nous d’aborder des choses que nous n’avions jamais faites. Le sketch, ce n’était pas du tout notre manière de faire. (…) Je me suis beaucoup appuyé pour ce spectacle sur les propositions des acteurs, ce n’est pas toujours exactement le même cas. » Philippe Nicolle interviewé par Sophie Brignoli pour Sparse.fr
(3) Renault Gilles, « Du cabaret barré à Chalon dans la rue », Libération, p. 24-25 juillet 2010.
(4) « Il faut de temps en temps nous reposer de nous-mêmes, en nous regardant de haut, avec le lointain de l’art, pour rire, pour pleurer sur nous. Il faut, de ci de là, nous réjouir de notre folie pour pouvoir rester joyeux de notre sagesse.» Extrait de «Le Gai Savoir» de F.Nietzsche, choisi pour ouvrir le dossier de presse d’Idéal Club.

Mise en scène : Philippe Nicolle assisté de Sarah Douhaire
Ecriture collective sous la direction de Philippe Nicolle
Avec : Kamel Abdessadok, Christophe Arnulf, Sébastien Bacquias, Servane Deschamps, Pierre Dumur, Aymeric Descharrières, Olivier Dureuil, Florence Nicolle, Philippe Nicolle, Daniel Scalliet.
Régie générale : Arno Liégeon / Son (création, régie) : Anthony Dascola / Lumière (création, régie) : Thomas Parizet / Plateau : Louise Vayssié et Laurence Rossignol / Décor : Michel Mugnier et Anthony Dascola avec le soutien d’Alexandre Diaz / Costumes : Sophie Deck et Laurence Rossignol avec le soutien de Camille Perreau

Reprise :
Du 18 au 19 décembre L’Idéal Club à GAP (05) La Passerelle Scène Nationale
Du 8 au 9 janvier 2016 L’Idéal Club à ALBI (81) Scène Nationale Grand Théâtre
Mardi 12 janvier 2016 L’Idéal Club à ONET-LE-CHÂTEAU (12) La Baleine
Du 15 au 17 janvier 2016 L’Idéal Club à BLAGNAC (31) Odyssud

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