Biopigs de la cie Zerep

(crédit photo : BM Palazon)

« DANS BIOPIGS, PAS DE PERSONNAGE EN QUETE D’AUTEUR ; MAIS UNE AVALANCHE DE FINS EN QUETE D’HISTOIRES.»

Sophie Perez et Xavier Boussiron sont des habitués des Subsistances ; on les avait notamment croisés par le passé à l’occasion des représentations de Gombrowiczshow et de Deux masques et la plume. Puis il y eut leur présence remarquée au festival d’Avignon 2011 avec Oncle Gourdin, un spectacle qui tapait follement – mais tout aussi tendrement – sur le théâtre contemporain. Cette année les trublions de la scène française nous reviennent avec Biopigs. Le concept, nous dit-on, consiste à se moquer- les pestes !- des biopics et à rejouer – à leur façon, on s’en doute – des fins de représentations célèbres.

C’est hors plateau que débute le « peste-tacle » en ce 18 septembre 2015, et plus précisément par un « Aaah ! On est bien aux Subsistances, quand même », décoché dans un soupir au fond de la salle. De là Stéphane Roger et Sophie Lenoir se lancent dans un débinage en règle de leurs collègues de la compagnie du Zerep. Puis ils nous apparaissent enfin, affublés des costumes ridiculement désuets de Don Juan et Sganarelle. Ils gagnent la scène pour nous la rejouer façon Jacques Weber et Bourvil, alors que l’énorme tête de mogwaï, placée à Jardin, se paie le commandeur. Saluts. Et applaudissements enregistrés. S’enchainent ensuite une ribambelle de parodies de mises en scène illustres : Patrice Chéreau et Pascal Gregorry dans la Solitude des champs de coton, Stanislas Nordey dans La Clôture de l’amour ; sans compter une imitation mémorable des colères de Jean Gabin, dans laquelle Stéphane Roger chapeauté d’une coiffe à plumes, dodeline du chef à la manière de ces petites figurines de chiens qu’on trouvait fréquemment à l’arrière des voitures, dans les années 70, et dont la tête se balançait bêtement à la moindre vibration. Tellement kitch. Or du kitch, du mauvais goût, il y en a à revendre dans ce Biopigs où s’enchainent, à toute allure, des sketches plus loufoques les uns que les autres.

« UN PETIT AVERTISSEMENT : NE JAMAIS SE FAIRE DISTANCER PAR SA PROPRE ENFANCE SI ON NE VEUT PAS FINIR COMME UN ADULTE ORDINAIRE. »

Alors, qu’en dire ? Où vont-ils chercher tout cela ? Très certainement dans les souvenirs d’enfance et les spectacles de clowns. Car au-delà d’être d’incroyables performers, les membres du Zerep sont de véritables bouffons, des clowns. D’ailleurs ils exagèrent sur tout : les éclaboussures de rouge, les perruques, les faux nez, les talons perchés, les fumigènes, les cascades et les serpentins. Furieusement déjanté, Biopigs, à l’instar des précédents spectacles du Zerep, est thérapeutique. D’abord parce qu’il détonne avec la tendance pseudo-intello-et-sérieusement-assommante d’une certaine forme –répandue – de théâtre contemporain. Parce qu’enfin, comme le disait Chaplin, autre clown célèbre : « l’humour remplace notre instinct de survie et sauvegarde notre santé d’esprit » ; Dieu sait qu’en ces temps tourmentés, nous en avons grandement besoin.

Sophie Rieu

Biopigs de Compagnie du Zerep
Conception: Sophie Perez et Xavier Boussiron
Avec : Sophie Lenoir, Stéphane Roger, Marlène Saldana, Er Ge Yu
Costumes : Sophie Perez et Corine Petitpierre
Création lumière : Fabrice Combier
Régie lumière : Gildas Roudaut
Son : Félix Perdreau
Régie plateau : Camille Rosa
Réalisation des décors : Les ateliers de Nanterre-Amandiers
Sculptures : Daniel Mestanza

Production //coproduction : La Compagnie du Zerep // Maison des Arts et de la Culture de créteil, Le Manège Maubeuge Mons – Scène nationale, Théâtre Nanterre-Amandiers – Centre dramatique national, Les Subsistances – Lyon, Centre de développement Toulouse/Midi-Pyrénées, Arsenic – Centre d’art scénique contemporain, Centre national de création et de diffusion culturelles de Châteauvallon.

Site des subsistances : http://www.les-subs.com/ Site de la compagnie : http://cieduzerep.blogspot.fr/

Du 16 au 19 septembre 2015

Durée : 1 h 30

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