Fugue de Samuel Achache

(crédit photo : Christophe Raynaud de Lage)

Fugue de Samuel Achache
Au grand froid où les mots gèlent, il faut chanter pour survivre…

Au départ, quelques énergumènes en doudoune et grosses bottes dans une petite cabane, une scène recouverte de petites billes qui font du bruit comme de la vraie neige et un pauvre garçon, armé d’un dictaphone défectueux, qui tente de rendre compte de son expérience dans une expédition de recherche d’un lac enfoui au pôle Nord…

Après le Crocodile trompeur, adaptation-variation baroque du Didon et Enée de Purcell, le Collectif « La Vie Brève » revient avec une nouvelle partition, de fugue cette fois. Samuel Achache retrouve certains de ses acolytes pour cette « expédition » toujours aussi loufoque où théâtre et musique se mêlent et se répondent. Une femme allemande dirige les recherches, un grand aventurier du froid emporte partout avec lui le pauvre garçon du début pour… pour faire quoi déjà ? Un jeune chercheur les rejoint, un peu empoté, et la petite bande est complétée par la présence d’un spectre, un amour perdu sans doute, qui vient hanter la jeune femme envers et malgré lui…

Au-delà de ces histoires qui se racontent par bribes, ce sont surtout des séquences hilarantes qui s’enchaînent où le plaisir du jeu transpire de tous les pores congelés des comédiens. Léo-Antonin Lutinier prenant une baignoire pour une piscine et, bien conscient de la présence des spectateurs, se couvrant par pudeur le sexe d’un… bout de scotch noir. Puis, pris d’une fureur étrange, il s’affuble d’un slip de bain et d’un bonnet, confectionnés avec ce même scotch, avant de plonger littéralement dans la baignoire du haut d’un escabeau. Improbable, absurde, tout s’enchaîne et se répète, duos de clowns et effets d’échos, comme dans la fugue. Les personnages enfermés sur le plateau se débattent aussi avec les mots dans des tirades sans queues ni têtes, cherchant désespérément une ligne de fuite, en vain. La musique, seule, quelquefois, vient les apaiser.

On suit ces figures attachantes dans leurs élucubrations délirantes, les comédiens jubilent sous le masque et nous emportent avec eux. On rit beaucoup, on apprécie les envolées en fugue des personnages, même si la course-poursuite des voix, des mots, des gags, tourbillonne peut-être un peu trop.

Adeline Thulard

Spectacle musical mis en scène par Samuel Achache
Collaboration Sarah Le Picard
De et avec les acteurs musiciens Vladislav Galard, Anne-Lise Heimburger, Florent Hubert , Léo Antonin Lutinier , Thibault Perriard et Samuel Achache
Direction musicale Florent Hubert / arrangements musicaux collectifs
Scénographie Lisa Navarro / regard scénographique et construction François Gauthier-Lafaye
Lumière Vyara Stefanova et Maël Fabre
Costumes Pauline Kieffer
Production : La Comédie de Valence, Centre dramatique national Drôme-Ardèche coproduction : La Vie Brève, Festival d’Avignon, C.I.C.T Théâtre des Bouffes du Nord, Théâtre Garonne, Centre dramatique régional de Tours – Théâtre Olympia
avec le soutien de la Fondation Royaumont, du Carreau du Temple et de Pylones – créateur d’objets à Paris Spectacle co-accueilli par le Théâtre de la Renaissance et le Théâtre de la Croix-Rousse.

durée 1h40 | à partir de 14 ans
Théâtre de la Croix-Rousse du 9 au 13 février.

Laisser un commentaire