Blade Runner 2049, de Denis Villeneuve

(crédits photo: Warner Bros)

Répliquants humains, trop humains.

En 1982 de grands navires finissaient en flammes surgissant de l’épaule d’Orion, et les rayons C brillaient dans l’ombre de la Porte de Tannhaüser. En cette année Ridley Scott nous a fait voir des choses que nous spectateurs ne pouvions même pas imaginer. Aujourd’hui, 35 ans après, ces moments ne se sont pas perdus comme des larmes dans la pluie. Ils ne sont pas morts. Ils ont su se conserver et se développer dans ce que nous pourrions peut-être définir comme la plus belle suite de l’histoire du cinéma : Blade Runner 2049.

Le premier Blade Runner, revu aujourd’hui, reste éblouissant. Dans le Los Angeles de 2019 il y avait déjà toute la science-fiction que nous aurions retrouvée dans les années 1980. Blade Runner était le début et la fin, l’alpha et l’omega, une douzaine de films se sont nourris et inspirés de son imaginaire. L’idée de proposer une suite à ce film culte avait quelque chose de fou, ambitieux, suicidaire. Pourtant Blade Runner 2049 réussit à ne pas décevoir les attentes incroyablement élevées.

Ce long métrage est une expérience de cinéma total, qui bouleverse et frappe tout autant que le film de Scott. Hampton Fancher et Michael Green ont écrit un scénario qui pourrait tranquillement mériter un Oscar. Denis Villeneuve qui traduit en images ce script et dirige cet immense projet, peut être considéré comme un des meilleurs réalisateurs du cinéma hollywoodien actuel. Ces réalisations précédentes, surtout Arrival (2016), étaient déjà de puissantes preuves de ce que pouvait accomplir le réalisateur canadien. Si les risques à prendre en compte avec ce long métrage étaient énormes, le résultat est une véritable œuvre d’art qui touche le cœur et l’œil avec une puissance visuelle et sonore impressionnante. « On ne peut arrêter l’onde avec un balai », affirme le lieutenant Joshi, le personnage joué par Robin Wright. Denis Villeneuve nous noie dans sa marée d’images, tout comme les personnages se retrouvent immergés dans l’eau et la pluie, aussi bien ici que dans le Blade Runner original.

Contrairement à l’ennuyeux et répétitif Star Wars VII – Le réveil de la force, Blade Runner 2049  n’est absolument pas une pale réplique du premier film de Ridley Scott. Il s’agit plutôt d’un répliquant, une nouvelle version, tout comme on trouve dans le film des nouveau modèles androïdes Nexus. Dans le long métrage de Villeneuve, il y a un important travail de scénario sur les sentiments les liens familiaux et génétiques, les souvenirs et le désir de rester en vie. Les répliquants ne doivent plus seulement survivre, mais trouver un moyen de vivre dignement à côté des humains.

La septième version de Blade Runner, le final cut, se terminait avec une porte d’ascenseur qui en même temps tranchait brutalement mais ouvrait aussi l’histoire à de possibles développements. Dans Blade Runner 2049  la pluie se transforme enfin en neige, un miracle s’est accompli, mais c’est possible que celui-ci ne soit pas le dernier. Ici aussi le scénario semble se terminer, s’accomplir, mais plusieurs interprétations sont possibles, et pourraient se développer en de nouveaux arcs narratifs. Ainsi le spectateur peut espérer un nouveau miracle et attendre de voir au cinéma des images qu’il n’aurait encore jamais vu.

Tommaso Tronconi, traduit par Fabio Raffo

Source originale le blog italien de critique « Onesto e spietato »: http://www.onestoespietato.com/blade-runner-2049-recensione-film-villeneuve/

(Tommaso Tronconi, 1988 : florentin doc, a effectué l’ensemble de son parcours universitaire à Florence, notamment un master en Histoire du Cinéma et s’est spécialisé dans la critique cinématographique et la création de blog, ndlr.)

Réalisateur: Denis Villeneuve
Scénario: Hampton Fancher et Michael Green
Montage: Joe Walker
Musiques: Johann johannsonn et Hans Zimmer
Avec: Ryan Gosling, Harrison Ford, Ana de Armas, Jared Leto, Robin Wright

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