Inferno, de Ron Howard

(crédit photo: Jake Coyle)

Inferno est sans aucun doute le film le plus attendu de cet automne par le public de masse. En effet, l’exploit commercial est de taille : en Italie, le film a obtenu 4 millions et demi d’euros le week-end qui a suivi sa sortie en salle. On se demande alors si ce succès sera aussi fulgurant en France. La réussite du film repose principalement sur le lieu choisi pour le tournage : Florence. Ce choix sera décisif pour le tourisme de la capitale italienne, qui accueille déjà plus de 9 millions de touristes par an.

Le film est avant tout un spot publicitaire pour la ville, remarquablement soutenu par la mairie qui a reçu avec tous les honneurs le cast du film lors de la première de celui-ci. Dans les Salone dei Cinquecento du Palazzo Vecchio, le premier ministre italien et ancien maire de la ville, Matteo Renzi, était notamment présent. Toute la première partie de ce long-métrage se situe dans les ruelles et les sites merveilleux de Florence, le Palazzo Vecchio, la Piazza della Signoria, les jardins de Boboli et ce jusqu’à la Porta Romana. Cette chasse au trésor qui caractérise Inferno, ainsi que les autres films de la saga inspirée des livres de Dan Brown, se transforme en visite guidée qui donnerait presque envie aux florentins de devenir touristes de leur propre ville… Notons aussi l’attention méticuleusement portée sur la propreté de l’image grâce à l’utilisation de drones pour les prises de vue aériennes.

Quant au contenu du film, celui-ci reste bien moins intéressant que les villes que l’on peut admirer, Florence, Venise, Istanbul… L’histoire, moins originale que les deux films précédents, Le code da Vinci et Anges et démons, narre la propagation de la peste dans le monde au troisième millénaire, une idée pas très captivante ni originale. A cela s’ajoute une série de coups de théâtre, de jeux et de double jeux – où le bon s’avère être méchant et le méchant s’avère être bon- répétitifs et désuets comme mécanismes de scénario. Concernant la réalisation, le produit parait notamment confus : Ron Howard cherche à produire une synthèse de nombreux registres sans réussir à trouver sa propre manière de raconter l’histoire. La partie concernant les visions oniriques de Robert Langdon, l’un des protagonistes, est quant à elle très décevante. Si le rythme de la première partie du film est plutôt dense, la structure de la deuxième partie perd de son intensité et débouche sur un final très long et rempli d’actions.

En conclusion, Inferno représente le modèle type par excellence du cinéma commercial américain, où l’on retient d’avantage toute la publicité autour du film et non le long-métrage en lui-même. Le cinéma devrait être un art, mais pour Hollywood, on le sait, c’est surtout un art à vendre : sur ce point ils sont très efficaces !

Tommaso Tronconi, traduit par Fabio Raffo

Source originale le blog italien de critique « Onesto e spietato »: http://www.onestoespietato.com/inferno-tom-hanks-firenze-recensione/

(Tommaso Tronconi, 1988 : florentin doc, a effectué l’ensemble de son parcours universitaire à Florence, notamment un master en Histoire du Cinéma et s’est spécialisé dans la critique cinématographique et la création de blog, ndlr.)

2 réflexions sur “Inferno, de Ron Howard

  1. Bonjour,
    « En conclusion, Inferno représente le modèle type par excellence du cinéma commercial américain… » On s’en serait douté, non ?! Je ne sais pas, je ne l’ai pas vu et n’irai pas le voir, mais j’en arrive à la même conclusion que vous.
    Il me semble nécessaire, et même urgent de parler de ceux qui en ont besoin, et d’arrêter de parler de ceux qui sont déjà partout et dont on est d’accord pour reconnaître la nullité ou la malfaisance (on élit ainsi des présidents sur leur occupation de l’espace médiatique, sans rapport avec le contenu de leur propos) : voir l’admirable démarche de David Yon qui présente son film La Nuit et l’Enfant demain soir au cinéma Utopia de Montpellier, David accompagnant la sortie de son film à chaque projection : une magnifique aventure internationale, un cinéma rare, exigeant, sincère.
    http://www.cinemas-utopia.org/montpellier/index.php?id=1959&mode=film
    Vincent Deville, Maître de conférences en cinéma à l’université Paul-Valéry Montpellier

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    1. Bonjour et merci déjà pour votre intervention. Je suis personnellement plutot d’accord avec vous, et sur ce blog on essaie d’etre transversals, mais, étant une petite équipe, il est plutot difficile de tout couvrir…d’ailleurs notre espace est ouvert à tout proposition critique de otut genre et si vous voulez faire des propositions, personnellement, ou meme proposer notre espace à vos étudiants, nous sommes disponibles pour en reparler!

      Bien cordialement,

      Fabio Raffo

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